Oui, nous avons des alpagas à Wormeldange-Haut

Laurent et moi avons déménagé à Wormeldange-Haut en 2006 dans une jolie maison au bout d’une ruelle. Après notre maison, ce sont des vignes à perte de vue sur toutes les collines avoisinantes. L’endroit est sublime et très calme.
Cependant, en face de notre maison, il y avait une grande parcelle de verdure en friche, mal entretenue et impropre à l’agriculture. Les propriétaires des terrains n’étaient plus en condition pour l’entretenir et nous cherchions un projet à leur soumettre pour le valoriser, essentiellement d’un point de vue écologique.

Nous avons donc cherché le meilleur moyen d’allier le calme du quartier avec un petit élevage d’animaux. La parcelle était suffisamment grande pour prendre des chevaux, mais étant en zone verte, il ne nous était pas permis d’y construire une étable avec un sol en béton, de l’eau courante et de l’électricité. Les ânes nous plaisaient bien aussi, mais ils peuvent s’avérer très bruyants quand ils s’ennuient. Et Laurent & moi avions des horaires professionnels très contraignants. 

En cherchant quels animaux se sentaient bien en troupeau, n’avaient pas besoin de soins constants et supportaient bien notre climat, nous sommes arrivés sur la famille des lamas et alpagas. En continuant nos recherches, nous avons même découvert que les alpagas étaient très communs dans notre région et que plusieurs éleveurs proposaient des animaux à la vente.

Le projet était là : nous allions adopter un petit troupeau d’alpagas. 

Le projet était là : nous allions adopter un petit troupeau d’alpagas. Sans matériel, sans connaissance des animaux et sans aucune idée de comment faire.

En hivers 2010-2011, Laurent et moi avons retroussé nos manches et commencé à nettoyer le terrain de tous les déchets et encombrants qui y étaient entassés. Nous avons nettoyé au jet à haute pression le petit abri à chèvres et avons remonté les clôtures.

De mon côté, je suis allée voir un éleveur belge à la frontière luxembourgeoise et suis tombée sous le charme de deux beaux alpagas : un mâle blanc (Milou) et une femelle brune (Piggie).

Deux alpagas au Luxembourg
Piggie en brune et Milou en blanc

Piggie est née le 09 août 2010 et Milou le 26 septembre 2010.
Après sevrage et visite vétérinaire, ils sont arrivés à Wormeldange-Haut (Woha) le 23 avril 2011.

Bien vite, nous nous sommes rendu compte que la petite cabane à chèvres avait ses limites.
Il nous fallait un abri plus haut, un espace pour ranger le foin, la paille et le muesli et une petite citerne d’eau.

En accord avec le garde-forestier, nous avons déplacé la cabane à chèvres vers l’avant du terrain, mieux protégée du vent du Nord et l’avons agrandie. 

Nouvelle cabane des alpagas
Nouvelle cabane des alpagas

Et nous en avons profité pour creuser une piscine pour nos gros poilus. Car les alpagas adorent se rouler dans la terre sèche et se tremper le ventre dans l’eau fraîche (mais pas toujours propre).

PIggie et Milou, nos deux alpagas dans la piscine
PIggie et Milou, nos deux alpagas dans la piscine

Guido, le tondeur d’alpagas

Juillet 2012, une belle rencontre avec Guido, le tondeur. Patient, aimable, extrêmement respectueux des animaux, il nous a beaucoup appris sur la laine, leur qualité, la façon de la reconnaître et de l’apprécier.

Guido, notre tondeur, en train de tondre notre alpaga blanc
Guido, notre tondeur, en train de travailler sur Milou

Cependant, nous n’étions pas vraiment intéressés par cette laine. Nous étions en plein apprentissage du comportement et de l’interaction avec nos animaux que nous ne nous étions même pas préoccupés de leur laine.

Nous avons rangé leurs toisons dans de grandes boîtes en carton pour qu’elles se conservent dans les meilleures conditions et nous les avons entreposées au garage.

Carine Mertes, artiste feutrière luxembourgeoise

Elles n’y sont pas restées très longtemps, car, magie du Luxembourg, nous avons été contacté par Carine Mertes, artiste feutrière luxembourgeoise, qui désirait absolument travailler la laine d’alpaga locale. Nous étions extrêmement honorés que la laine de nos petits poilus serve à une créatrice luxembourgeoise et nous lui avons offert avec un immense plaisir les toisons plusieurs années de suite.

Ce fut une rencontre exceptionnelle. Le travail de Carine est magique, plein de douceur et de poésie. Elle est une artiste accomplie qui expose aujourd’hui lors de grands événements tels que les expositions de Mains de Maître et des expositions privées chez des collectionneurs.

Je garde le souvenir plein d’envie d’une écharpe qu’elle a réalisé pour ma meilleure amie : un ouvrage noir réalisé avec de multiples matières différentes. Soie, laine, coton, plumes et breloques. Aujourd’hui encore, je suis toujours déçue que mon amie l’ait adorée – et en même temps heureuse qu’elle lui va si bien.

À chacun des ateliers de Carine, je ne manque pas d’y acquérir quelques-uns de ses travaux.

deux foulards faits avec des inserts de laine de Milou (blanc) et Piggie (brune)
deux foulards faits avec des inserts de laine de Milou (blanc) et Piggie (brune)

Nous étions heureux avec nos animaux. Ils s’entendaient bien, étaient sociables sans être trop attirés par les humains. C’est important que les alpagas soient un peu distants des gens. Si on les manipule trop souvent (câlins, caresses, ..) ils deviennent imprégnés, et cela biaise leur comportement. Ils ne font plus la distinction être humain et alpaga, ce qui peut conduire à des attitudes menaçantes, voire agressives. Et le plus malheureux est qu’ils perdent le respect des règles de troupeau, ce qui peut les rendre vulnérables aux prédateurs.

Les deux alpagas mangent du muesli
Les deux alpagas mangent du muesli

Nous avions un paysan qui nous fournissait du foin et de la paille, une centrale paysanne qui nous fournissait du muesli en complément alimentaire et une vétérinaire qui venait faire les soins et donner le vermifuge.

Tout se passait très bien. Le couple était en harmonie et d’après les informations que nous avions, les alpagas étaient beaucoup trop jeunes pour avoir des petits.

Comme le terrain était bien grand, nous avons décidé de prendre un jeune alpaga en plus : le bel Horaccio.

Novembre 2012 : arrivée d’Horaccio.

Horaccio est un jeune mâle né le 11/05/2012.
Nous l’avons mis ensemble avec Milou et Piggie et il s’est directement attaché à Piggie – ce qui a créé des tensions avec Milou, le premier mâle.

Avec l’expérience, nous avons appris que nous faisions une grosse erreur. Nous aurions dû prendre deux jeunes alpagas et pas un seul. Il a cassé la dynamique entre Milou et Piggie et n’a pas pu trouver sa place.

Milou l’a rejeté de suite et a commencé à être violent avec lui. On ne savait pas que les mâles peuvent être bagarreurs. On ne voit les alpagas que comme de grosses peluches paisibles. C’était loin d’être le cas. 

En urgence, nous avons séparé le terrain en deux et isolé Milou. Le temps qu’il s’adapte à l’arrivée du nouveau et que le jeune Horaccio soit un peu plus grand pour gérer la confrontation.

Milou dans sa petite cabane
Milou dans sa petite cabane

Nous lui avons construit une petite cabane provisoire et nous essayions de passer du temps avec les uns et les autres. Mais cela ne convenait à aucun des trois.

Milou étant le mâle dominant, nous avons envisagé la castration de Horaccio afin que Milou ne se sente plus menacé dans son rôle au sein du troupeau. Mais Horaccio était trop jeune et la vétérinaire a jugé que sa maturation n’était pas suffisante pour pouvoir faire l’opération.

Avril 2013 : le troupeau à nouveau réuni

En avril 2013, nous avons réuni le troupeau.

Les tensions étaient encore là, mais une nouvelle harmonie s’était installée et chacun reprenait ses marques.

Les animaux étaient doux et dociles. Nous leur avons appris à marcher à la laisse avec le licou. Une drôle attraction dans ce village de vignerons.

En août 2013, nous avons pu faire la castration d’Horaccio.
L’opération s’est bien passée et Milou, sans être gentil, a commencé à le tolérer de façon pacifique. 

Une belle surprise : une naissance

Septembre 2013 : une surprise ! Le 11 septembre 2013, un de nos voisins vient sonner chez nous en nous disant que nous avons un nouvel alpaga. Au début, je pensais qu’il n’avait pas vu que nous avions adopté Horaccio et qu’il voulait en savoir un peu plus sur nos projets. Mais il avait raison, nous avions une naissance surprise : Ally était arrivé sans que nous n’ayons vu quoi que ce soit.

Naissance de Ally, l'alpaga
Naissance de Ally, l’alpaga brun

Un magnifique bébé alpaga mâle. Tout timide et tout gentil.
Heureusement, Milou l’a accepté de suite et Horaccio également. Piggie s’est révélée être une maman exemplaire. Attentionnée, douce, patiente et protectrice.

Après cet événement, nous avons envisagé de castrer Milou. Mais après plusieurs tentatives d’anesthésie, Milou le têtu ne s’est même pas assoupi et nous avons dû suspendre l’opération. 

Fin 2013 : les ennuis arrivent.

Milou, toujours lui, se blesse profondément à la patte. Comme nous n’avons pas d’étable avec une dalle de béton, c’est difficile de le soigner sans que des impuretés ne reviennent infecter la plaie.
Nous étudions les possibilités pour que sa patte se remette sans entrer en infraction avec les règles de zone verte. Laurent a eu l’idée de poser des dalles de paddock en PVC de haute densité sur le sol. Cela nous coûte une petite fortune, mais c’est le meilleur compromis. Pas de fixation durable, pas de béton, pas de pollution du sol. La bonne nouvelle est que nous pouvions compter sur nos amis pour venir donner un coup de main et finir la pose en une journée.

paddock en PVC devant la cabane des alpagas
paddock en PVC devant la cabane des alpagas

Un autre vétérinaire vient soigner Milou. Il n’aime pas trop les alpagas, mais il fait de son mieux : piqûres d’antibiotique et nettoyage de la plaie à l’isobetadine. C’est là que je me rends compte que Milou est chatouilleux des pattes 🙂

Et puis c’est la tuile. Un des propriétaires des terrains nous informe qui va construire un hall de stockage sur sa parcelle et que nos animaux n’auront plus accès à cette zone.
Le moment de stress passé, il nous propose de prendre contact avec les propriétaires des terrains mitoyens qui adorent notre projet et qui seraient aussi intéressés de nous laisser leur parcelle en fermage.

On rappelle les copains, on remonte les clôtures, on nettoie le nouveau terrain et on donne un coup de tondeuse pour rafraîchir le tout. Bilan : nos alpagas reçoivent 35 ares de bonne pâture en plus. 

Ally grandit. C’est un alpaga très calme, un peu pleurnichard et souvent dans la lune. Je l’adore.

De la laine, encore de la laine

Mai 2014 : encore une tonte.

Et aussi la nouvelle que mon amie Carine Mertes a adopté 2 alpagas et que, comme elle aura sa propre laine, elle n’est plus intéressée par la mienne. C’est à ce moment que le projet Laine.lu prend forme dans ma tête mais chuutt… on en parlera plus tard.

En septembre 2014, notre vétérinaire essaye à nouveau d’endormir Milou pour sa castration. Mission impossible. Il résiste et ne s’endort pas. 

Et deux semaines plus tard : encore un bébé paga!

Des alpagas, encore des alpagas

Septembre 2014 : naissance de Roxy

Naissance de notre alpaga à tête blanche
Naissance de la jolie Roxy

La petite Roxy est née le 19 septembre 2014.
C’est une petite femelle bien éveillée, curieuse et gourmande.
Le troupeau prend bien soin d’elle. Et nous sommes comblés.
On se disait que cette expérience était formidable. Que les alpagas sont des animaux faciles à vivre et à soigner. Que nous faisions les bons choix et que pour d’anciens citadins, on ne se débrouillait vraiment pas mal.

Décembre 2014 : la descente aux enfers

J’ai encore une grosse boule dans la gorge quand j’arrive à ce chapitre. Mais cela nous est arrivé et cela fait aussi partie de notre aventure paga woha (alpagas de Wormeldange-Haut).

Milou est tombé malade. Il a commencé à tousser et à se retirer du troupeau. Ce qui est très mauvais signe. Le vétérinaire qui lui avait soigné la patte l’année d’avant est venu, mais il n’a rien pu faire. Et Milou est mort 2 jours plus tard. Nous étions anéantis. 

J’ai dû faire la douloureuse expérience du camion de ramassage des animaux morts. Le personnel de cette société est d’une gentillesse extrême et d’une humanité exceptionnelle. Mais le moment est d’une douleur infinie. 

Avant de laisser partir Milou, je voulais des réponses. Pourquoi était-il mort ? De quoi ? Est-ce contagieux ? Qu’aurais-je pu faire pour éviter sa mort. Et surtout, comment pourrais-je éviter que cela se reproduise avec mes autres alpagas ? 

J’ai fait alors une nouvelle rencontre extraordinaire : une vétérinaire spécialisée dans les lamas et alpagas. Elle s’appelle Anne. Je la cite, car elle a été ma bouée de sauvetage dans toutes les épreuves qui ont suivi.

En faisant l’autopsie de Milou, elle s’est rendue compte que son foie était détruit par les vers. Ce qu’elle savait avec sa spécialisation en camélidés, c’est que la région de la Moselle est infestée d’un ver extrêmement dangereux pour les alpagas. L’alpaga n’a pas, comme notre bétail, de protection naturelle suffisamment forte pour contrer ce parasite et il a besoin d’un vermifuge régulier et ciblé pour être en bonne santé. Ce que notre vétérinaire précédent n’avait pas fait.

Anne m’informe aussi, avec toute sa gentillesse, que je risque de prendre encore d’autres bêtes qui seraient déjà infectées et plus assez solides pour se débarrasser des vers.

Elle me donne plein de conseils sur les procédures administratives et sur des actions que je peux prendre pour avoir un statut d’éleveuse auprès des autorités. 

Avril 2015 : Roxy meurt à son tour.

Elle est partie en quelques jours. Elle était à peine sevrée. C’est un crève-coeur.

Notre jolie alpaga Roxy
Notre jolie alpaga Roxy


Nous n’avons pas fait d’autopsie pour elle. Le diagnostique de la douve (le ver parasite) était plus que probable. Nous l’avons laissé partir en paix.

Et puis ce fut le tour d’Ally de nous faire des frayeurs. Nous avons cru plusieurs fois qu’on allait le perdre. J’ai passé plusieurs nuits blanches assise sur le petit banc devant la cabane à lui parler et à lui raconter des histoires. Anne est venue de nombreuses fois et grâce à ses soins avisés et à son expertise, elle nous l’a sauvé.

Septembre 2015 : un rayon de soleil

Neuf mois après le départ de Milou, nous avons une nouvelle naissance. La magnifique et superbe Zaphira. 

zaphira, notre alpaga ovni
Notre extraordinaire Zaphira

Bien entendu, j’aime tous mes animaux. Mais les alpagas ont vraiment quelque chose de spécial. Il faut être à leur écoute pour comprendre leur caractère et leurs préférences.

Par exemple Piggie. C’est une maman. Elle aime tout le monde, surtout les petits enfants. Elle est gentille, attentionnée, mais c’est elle qui dirige le troupeau. Si elle ne veut pas bouger, le troupeau reste à l’endroit qu’elle a choisi. Personne ne va s’éloigner sans l’accord de Miss Piggie. Personne ne fait rien sans l’accord de Miss Piggie.

Et puis Horaccio. C’est le beau mâle noir. Il est grand, fort, majestueux. C’est le protecteur du troupeau et le service sécurité de la pâture. Vous ne rentrez pas sur le terrain sans son accord. Vous ne touchez pas un membre du troupeau sans son accord. Mais si vous êtes de l’autre côté de la palissade, il est votre copain. 

Et enfin Ally. Le petit nounours dans la lune. Il cherche toujours les embrouilles et puis il pleurniche quand il se fait remettre à sa place par Piggie. Ally, c’est le plus fragile. Comme nous avons dû beaucoup le manipuler lors des soins, il se laisse facilement cajoler. Pas longtemps, mais il ne fuit pas les caresses comme les autres.

Mais Zaphira, c’était un ovni. 
Joueuse, câline, espiègle et pleine d’énergie. Depuis le premier moment, j’ai eu un contact fusionnel avec elle. 

Avec cette naissance, on pensait que les mauvais moments étaient derrière nous. Allly et Horaccio castrés, on se voyait bien avec notre petit troupeau de 4. À faire des balades et à les voir grandir paisiblement.

Zaphira est restée avec nous à peine un an. Nous l’avons retrouvé morte le 3 septembre 2016, les cervicales brisées par une mauvaise chute. Cela aussi nous l’avons appris à nos dépends. Les jeunes femelles peuvent être trop enthousiastes et se blesser mortellement pendant leurs jeux. 

Laurent et moi étions inconsolables. Toute cette énergie dépensée pour le bien-être de nos animaux et les voir partir les uns après les autres, c’était épuisant.

Mais les animaux se remettent plus vite que les humains et le troupeau a rapidement retrouvé son équilibre à trois. Horaccio le fort, Piggie la douce et Ally la lune.

À nouveau, Anne, notre vétérinaire, nous a été d’un grand soutien. Elle nous a appris à mieux observer nos animaux et à agir rapidement quand on décelait des comportements inhabituels.
Ce n’est pas évident, car les alpagas sont des animaux de proie dans la nature. Ils ne montrent pas leur faiblesse. Ils ne viennent pas demander de l’aide. Il faut les surveiller attentivement, chaque jour de l’année, avec patience et bienveillance.

Depuis le départ de Zaphira, les tempêtes se sont calmées. Cela fait cinq ans maintenant que le troupeau est paisible. Cela fait du bien mais nous devons aussi penser à l’avenir.

Nos trois alpagas
Ally, Piggie et Horaccio

Piggie a 12 ans maintenant et l’espérance de vie d’un alpaga ne dépasse pas les 20 ans.
Nous avons décidé de ne plus faire porter Piggie, mais d’adopter deux jeunes femelles issues de l’élevage de Guido, notre tondeur. Nous nous connaissons depuis 10 ans maintenant et il a suivi toutes nos (més)aventures. Nous lui faisons confiance pour nos futurs animaux. Nous espérons leur venue pour ce printemps.

Voici toute l’histoire de nos alpagas que nous résumons souvent en « oui, nous avons des alpagas à Wormeldange-Haut » 🙂


La laine des alpagas

Comme dit précédemment, les premières années, nous donnions nos toisons à Carine Mertes, artiste feutrière luxembourgeoise (filz.lu). Mais comme nous effectuions la tonte de nos animaux une fois l’an, nous avons commencé à nous intéresser à toute cette masse de laine.

Dans un premier temps, je suis allée faire un stage « laine & alpagas » dans le midi de la France pour en apprendre un peu plus sur mes animaux et les façons de valoriser leur laine.

Et puis nous nous sommes équipés en matériel : cardeuse, rouet, fuseau. 

Outils pour le cardage et le filage de la laine
Cardeuse et rouet

Sur YouTube, tout paraissait facile. 
J’ai d’abord commencé par nettoyer la laine à sec et puis je l’ai cardée. C’est long et très salissant, mais cela me plaisait beaucoup.

Par contre, je me suis trouvée particulièrement maladroite pour filer cette laine.
Je voulais faire des pelotes de laine 100% vierge d’alpaga, eco-friendly, sans détergent ni produit chimique. 

En cherchant de l’aide pour le filage, j’ai fait la connaissance de Denise; couturière luxembourgeoise émérite et extrêmement douée dans toutes les techniques artisanales : filage, tissage, tricot, crochet. C’est grâce à elle que le projet Laine.lu a vu le jour. Sans ses compétences, sa gentillesse et ses judicieux conseils, je serais encore dans mes cartons à poussière.

Nappe de laine cardée
Nappe de laine cardée

Dans un premier temps, je nettoyais la laine à la main et à sec (une gageure quand on connaît la propension des alpagas à se rouler dans n’importe quoi). Puis Laurent la cardait avec la machine manuelle. Et Denise la filait et nous la rendait en jolies pelotes. 

Après, je l’habillais d’une étiquette que j’ai dessinée et qui représente deux alpagas et le blason de la commune de Wormeldange dans un style très épuré. C’est le visuel qui est repris sur le site internet et sur nos brochures. 

pelotes de laine.
Pelote de notre laine d’alpaga

Et enfin, j’allais vendre les pelotes sur des marchés et sur des dépôts-vente.

Le succès n’était pas franchement au rendez-vous. La laine noire d’Horaccio parti tout de suite, mais la laine brune de Piggie et Ally ne suscitait pas trop d’intérêt. 

De plus, Piggie ayant eu des petits, la qualité de sa laine en était fortement diminuée.

Nous nous retrouvions avec 15 kg de laine brune ou de qualité moyenne à chaque tonte. Et seulement 2-3 kg de belle laine à filer.

Avec Denise, nous avons travaillé sur différentes options pour utiliser cette laine de moins bonne qualité. 

Sur notre blog, j’ai même essayé de teindre la laine brune en noir. Avec un succès très mitigé.

Heureusement, grâce à ses talents de couturière, Denise m’a dessiné un patron pour faire des peluches en forme d’alpaga et un modèle de coussin de décoration.

Nous avions décidé de continuer à travailler sur le modèle eco-friendly. On achète rien. On récupère des anciennes chemises et les échantillons de tissus d’ameublement et on écume les greniers à la recherche des grosses boîtes à boutons de nos grand-mères. 

Nous nous étions dit aussi que, à nous deux, on ne pourrait pas porter toute cette charge de travail et nous avons ouvert notre projet à d’autres bénévoles.

Mais qui dit « bénévoles » dit « pas de bénéfice ». Alors qu’allions-nous faire des recettes de nos ventes ?


La laine et les abeilles

La laine et les abeilles, c’est un peu farfelu comme association. Et pourtant, c’est l’aboutissement de notre projet.

Revenons aux origines : Laurent et moi avons adopté un troupeau d’alpagas pour entretenir une parcelle en zone verte de manière écologique et positive.

Malgré les péripéties de notre élevage, nous avions des animaux sains, affectueux avec les promeneurs, et qui fertilisaient le sol en broutant, en mangeant les fruits et les feuilles tombées et en produisant du fumier d’excellente qualité.

Leur présence après plusieurs années a visiblement amélioré l’eco-système de la parcelle. Moins de parasites, plus d’oiseaux et une végétation saine.

Il ne nous manquait plus que le retour de nos belles abeilles butineuses pour rendre prospère toute cette belle nature. Voilà l’idée, utiliser les ressources de la laine de nos alpagas pour financer la protection et le retour de nos abeilles.

Premier problème : où mettre des ruches et surtout où planter des essences qui leur donneront à manger durant toute leur période d’activité ?

Et puis tout s’est enchaîné rapidement.

2018

Tout d’abord, nous avons accueilli Ruth dans notre groupe de bénévoles. Ruth est toujours disponible pour les idées originales et décalées. Elle tombait à pic!

Et puis un groupe de jeunes en terminale du LTMA a décidé de financer notre association avec les revenus de leur projet Jong Entrepreneur : 1.000 euro de dons !!!!

don laine alpaga abeilles
La team Restopoly du LTMA

Et enfin, Laurent trouve un magnifique terrain en zone verte, entre les vignobles de Alice Hartman, le long du sentier de randonnée de Wormeldange.

Même si l’achat du terrain se fait en fonds privés par Laurent et moi, cela nous met une pression correcte pour faire rentrer les recettes dans l’association et concrétiser une parcelle durable pour les abeilles.

Le terrain pour les abeilles
Le terrain pour les abeilles

2019

Comme on a encore de la laine brune qui ne trouve pas preneur, on décide de la faire tricoter par des amies de notre association. Notamment Carole qui n’a pas son pareil pour faire des mitaines et d’adorables objets de décoration (tous vendus depuis, vous pensez bien 😉 )

En parallèle, on lance la production de peluches alpagas et de coussins. C’est un immense succès. Les peluches sont tellement uniques grâce à l’utilisation de tissus de récupération que nous n’arrivons pas à suivre les demandes.

Pareil pour les coussins. De plus en plus de demandes, mais plus assez de temps pour les produire. 

Car l’autre partie du projet prend forme. 

Nous lançons les demandes d’autorisation pour nettoyer le terrain des abeilles afin de préparer la plantation d’essences mellifères. Et nous nous attaquons à la transformation de notre association en ASBL. 

Le dossier administratif autorisant les travaux sur le terrain des abeilles prend un temps infini : le ministère de l’environnement étant dans la tourmente « Traversini », tous les décisions sont à l’arrêt.

Cela nous complique les choses car nous voulions entreprendre la plantation des arbres mellifères le plus rapidement possible.

Mais ce qui nous a prodigieusement agacés, c’est de devoir répondre à toutes les exigences relatives aux zones verte alors que le terrain s’est révélé être une vraie décharge sauvage.

5 week-ends pour nettoyer le terrain : du verre, du plastique, des déchets de construction. Une honte!

2020

Les statuts sont déposés. L’asbl Wuermer Alpaka’en a Bei’en est créée. Les membres fondateurs sont : Béatrice (moi) comme présidente, Laurent comme trésorier, Ruth comme secrétaire et Denise, en femme de l’ombre (sans rôle exécutif).

Après près de 11 mois d’attente, nous recevons l’autorisation du ministère pour la réhabilitation de la parcelle. Nous pouvons enfin commencer le nettoyage forestier et faire une estimation des arbres mellifères que nous pourrions planter.

Pour ce travail, nous avons eu l’aide précieuse de CG Environnement qui nous facturé leurs prestations à prix coûtant. Encore un geste commercial qui nous va droit au coeur et nous encourage dans notre démarche.

En parallèle, nous sommes contacté par l’administration de Wormeldange qui, ayant eu connaissance de notre projet, voulait nous mettre en contact avec un jeune apiculteur de la commune.

David, apiculteur et magicien du miel

Le terrain était nettoyé et CG environnement avait travaillé de façon à conserver toutes les espèces qui seraient bénéfiques aux abeilles. Même sans les arbres mellifères, la parcelle était prête à accueillir des ruches.

David, l’apiculteur, a choisir l’endroit qui conviendrait le mieux à ses abeilles et y a construit une structure pour y accueillir les ruches.

Nous avions assez de trésorerie pour acheter les arbres à planter, mais nous avons eu une autre idée : permettre le parrainage de ces arbres.

Pour 100 euro, un parrain ou une marraine pouvait avoir son arbre parmi les essences proposées, avec sa plaque et une petit message. Comme on ne voulait pas faire ça sur du plastique et que le bois gravé se détériore rapidement en extérieur, nous avons opté pour des ardoises (offertes par Pro Dasch) et des feutres acryliques.

Le succès était au rendez-vous car les 16 arbres ont été parrainés en deux semaines et cela grâce à l’action « En haus e bam » de l’Immobilière Biever-Leruth Immo où, pour chaque acte immobilier exclusif, les responsables s’engagent à planter ou parrainer la plantation d’un arbre au Luxembourg.

Octobre 2020, David nous ramène la récolte du miel de nos ruches. Un délice. Nous le mettons en vente sur le site de vente en ligne de Laine.lu et c’est également un grand succès. Cette fois, nous avons eu une aide inattendue d’’Amuse-Bouche, une épicerie fine luxembourgeoise qui nous a acheté les 3/4 de notre récolte en une fois!

Nos pots de miel de nos ruches de Wormeldange-Haut
Les pots de miel de nos ruches de Wormeldange-Haut

2021 : les arbres mellifères arrivent

Après qu’un hivers soit passé sur le terrain nettoyé, CG environnement effectue la plantation des arbres. C’est notre grand moment de joie en plein lock-down covid.


Après quelques semaines, nous avons ajouté les plaques de parrainage

Avec le Covid, l’activité entre bénévoles est au point mort. Il n’y a pas assez de place dans notre domicile pour accueillir toutes les activités de l’ASBL ni pour y entreposer tout le matériel.
L’activité de nettoyage de la laine est extrêmement salissante et la poussière se dépose sur tout notre matériel.

Nous avons bien fait un atelier de découverte de la laine pour enfants sur notre terrasse, mais c’est la seule activité qui nous a été possible de faire.

Idéalement, iil nous faudrait un nouveau local – mais l’association ne peut pas se permettre un loyer. Et puis cela irait à l’encontre de notre approche de recyclage – récupération.

L’atelier dans un conteneur à bateau

Laurent est venu avec une solution exceptionnelle.

Puisque nous ne pouvons pas faire d’extension à la maison et que les terrains des alpagas et des abeilles sont en zone verte, Laurent a étudier la possibilité de mettre une grosse boite en métal dans notre allée de garage.

Il s’agit de conteneur à bateaux qui servent pour le transport de marchandises et qui coûtent trop cher à retourner à vide. Ils sont venus en occasion mais sont en parfait était.

L’avantage est que ce conteneur est transportable. Il est posé sur une dalle de béton mais pourrait être déposé à un autre endroit en cas de besoin.

Pour être transparent vis à vis de l’association, ce genre d’investissement, nous le faisons en fonds propres – c’est à dire que nous payons ces gros frais avec notre argent personnel et pas avec celui de l’association. Les fonds de l’association sont exclusivement destinés à la protection des abeilles, à la plantation d’arbres, à l’entretien des terrains et des ruches.

Laurent s’est mis à la recherche d’un conteneur et notre choix s’est porté sur un beau conteneur blanc de 6 mètres de long sur 2.5 mètres de large. A l’achat, c’est une grosse boite de métal, sans isolation et sans fenêtre.

Chapitres à venir :

Le parrainage de nouvelles ruches

(Les discussions avec David, notre apiculteur, sont prévues pour le mois de février 2022)

Devenir une ASBL reconnue par le ministère pour les défiscalisations.

(La procédure est à l’étude. Nous vous donnerons des informations selon l’état d’avancement du dossier)

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